lundi 30 juillet 2012

Premières lignes

Kosmo n'était jamais allé en Inde. Il pensait donc naturellement que tous les Indiens portent la moustache, un turban sur la tête et qu'ils vont à la chasse aux tigres le dimanche. En fait, ce n'est pas faux. Tous les Indiens qui ne se rasent pas portent effectivement la moustache et certains ont un turban sur la tête…

dimanche 29 juillet 2012

La vina

Le petit homme s’assit en tailleur et posa l’instrument sur ses jambes repliées. Si vous ne savez pas à quoi ressemble une vina, imaginez une demi-poire géante avec sept cordes et une jolie tête de dragon sculptée à l’extrémité de la queue. Mais le son produit par une vina est nettement plus joli que celui produit par une véritable poire.
Ramish ferma les yeux, pinça deux cordes et attendit. Les notes se déroulèrent, comme un ruban fragile suspendu dans les airs. Puis les doigts du musicien se mirent à virevolter, passant d’une corde à l’autre avec une frénésie gracieuse. Tout un ruisseau de notes traversa l’autobus. À la fin du morceau, quelques mesures de silence.
- Ça vous a plu ?
Kosmo trouvait cela magnifique. D’ailleurs, c’est ce qu’il dit :
- C’est magnifique.

samedi 28 juillet 2012

les ladoos


Ils prirent place dans le compartiment et attendirent. Un vendeur ambulant les héla à travers la fenêtre ouverte.
- Ladoo ? proposa-t-il en soulevant un plateau contenant des boulettes de pâte blanche, semblables à des balles de ping-pong.
- Euh… c’est quoi ? demanda Kosmo.
- C’est ladoo, fit le vendeur.
- Vous vendez aussi les raquettes ?
- Pas raquettes, c’est pour manger.
- Bon.
Kosmo acheta quatre boulettes. Il en proposa à Liu. Elle n’avait pas faim. Il prit une boulette entre le pouce et l’index et la porta à sa bouche. Surprise. C’était à mi-chemin entre la fraise Tagada et l’éponge de cuisine. Il lui fallut une bonne minute avant de pouvoir déglutir.
- Alors ? s’enquit Liu.
- Ch’est bon, admit Kosmo en mentant. Ch’est chuper. Y a pas à dire. Chu-u-per !

jeudi 26 juillet 2012

la dakini


Liu fit un pas en avant. Juste un.
La créature se retourna, fit un bond prodigieux et vint se planter devant elle. Dans sa main droite, elle serrait le pommeau d’un sabre retenu à sa ceinture. Ses yeux rouges étaient injectés de sang et un affreux rictus déformait sa bouche. Bien sûr, il s’agissait peut-être d’un sourire, on ne sait jamais, parce que ça ne devait pas être facile de sourire avec deux rangées de dents aussi longues que les siennes. Un mince filet de bave coulait entre ses lèvres. Liu frissonna.
Le chien se mit à aboyer. La créature émit un grognement sinistre, et le chien se précipita sur elle. Alors, avec une rapidité inouïe, la créature souleva son sabre et lui trancha la tête, Flap ! d’un coup. 

mercredi 25 juillet 2012

La pureté

Pour un hindou, rien n’est plus important que de rester pur, quoi qu’il arrive. Le problème, c’est que la vie quotidienne offre mille et une occasions de se salir. Par exemple, en se coupant les ongles ou les cheveux, en se rasant la barbe, en s’épilant les jambes, en tuant un poulet ou un poisson, en réparant ses sandales ou en débouchant les toilettes (surtout en débouchant les toilettes, mêmes ceux qui ne pratiquent pas l’hindouisme sont d’accord là-dessus). 

mardi 24 juillet 2012

L'immortalité


Il retira sa veste et la jeta dans les flammes.
Pour l’immortalité, c’était cuit. Pas de doute. D’un autre côté, « Face de lune » avait dit qu’il n’aurait plus ni chaud, ni froid. C’est sûr, il ne risquait pas d’avoir froid. Il recula de huit ou neuf pas. Sa veste brûlait déjà. Il ferma les yeux, prit son élan et se mit à courir.
Puis il se jeta dans les flammes.

lundi 23 juillet 2012

Chapitre 4

Il existe trois sortes d'éléphants. L'éléphant d'Afrique qui, comme son nom l'indique, vit en Afrique, l'éléphant d'Asie, qui a de petites oreilles, et l'éléphant de zoo, qui se nourrit de pop-corn et porte un prénom curieux, comme Daisy ou Jacqueline.
Kosmo était allongé sur son lit. Et, depuis son lit, il ne pouvait voir que le ventre de l'éléphant. C'était un gros ventre, flasque et vraiment effrayant. Il était sûr que ce ventre était effrayant pour la simple raison qu'il se trouvait juste en dessous. Tout s'était passé très vite. Il s'était allongé. Il avait allumé un bâton d'encens et, soudain, pssschit ! La fumée avait pris la forme d'un éléphant. Puis, aussitôt après, un éléphant avait pris la place de la fumée.
Il n'avait pas bougé du lit. L'éléphant prenait toute la place.
- Pardon, fit-il d'une grosse et agréable voix. Il y a quelqu'un ?
- Tu… vous parlez ? fit Kosmo en écarquillant les yeux.
Un moustique jugea que le moment était bien choisi pour le piquer sur la joue.
- C'est évident, répondit l'éléphant. Pardon mais… nous ne nous sommes pas encore présentés.
Kosmo se pencha pour essayer d'apercevoir la tête de l'animal.
- Euh, moi c'est Kosmo.
- Très heureux. Mais… où êtes-vous ?
Kosmo se glissa prudemment hors du lit et se leva. Il remarqua que l'animal occupait toute la largeur de la pièce.
- Voilà, dit-il en se présentant devant l'oeil noir où brillait sa propre image.
L'éléphant l'observa un instant, le renifla avec l'extrémité de sa trompe puis la laissa retomber mollement sur le plancher.
- Vous êtes à la recherche de l'immortalité, sans doute.
- Je… ça se voit tant que ça ?
Pendant des mois en effet, Kosmo avait sillonné la Chine de long en large, il avait interrogé bien des gens et appris bien des choses sur l'immortalité. Après les tunnels, c'était la question qui le passionnait le plus. Pourtant il sentait qu'il lui restait d'autres secrets à découvrir.
- C'est ici que vous habitez ? demanda l'éléphant. C'est très petit.
- Ce n'était pas si petit avant que vous n'arriviez, se défendit Kosmo. Je ne vous attendais pas.
Il alla s'asseoir sur le coffre et observa le bâton d'encens qu'il tenait à la main. Un minuscule filet de fumée s'en échappait et s'étirait jusqu'au plafond. Un moustique toussota, sortit par la fenêtre et disparut dans la nuit pluvieuse.
- Vous avez l'air d'en connaître un rayon sur l'immortalité, dit Kosmo.
L'éléphant secoua sa grosse tête. Il n'y connaissait rien, non, du moins pas plus qu'en triple saut ou en plongée sous-marine. Son rayon, c'était la réincarnation, c'est-à-dire la possibilité de renaître plusieurs fois.
- Ça me plairait à moi d'avoir plusieurs vies, avoua Kosmo.
- N'en soyez pas si sûr, corrigea l'éléphant d'un air mystérieux en désignant le bâton d'encens avec sa trompe.
Il essaya de se tourner.
- Qu'est-ce qu'il y a demanda Kosmo.
- Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je boirai bien quelque chose. J'ai soif.
- Euh, ça va être compliqué.
- Vous avez de l'amrita ?
- L'amrita, c'est quoi ça ?
- Vous dites que vous cherchez l'immortalité et vous ne connaissez pas l'amrita ?… Vous avez des lacunes, c'est évident.
- C'est bien ce que je pensais.
- Je ne me sens pas très bien.
Kosmo se leva et se glissa jusqu'à la porte. Les fesses de l'animal s'y étalaient sur toute la largeur. La porte grinça.
- Qu'est-ce que vous faites ? demanda l'éléphant.
- Je cherche un moyen de vous faire sortir d'ici.
- Oh, ne vous donnez pas cette peine.
L'éléphant saisit brusquement le bâton d'encens et le jeta par la fenêtre, dans la rue inondée. Aussitôt, pssschit ! Il disparut, ne laissant derrière lui qu'un panache de fumée blanche.
- Bon, ben… salut camarade.

dimanche 22 juillet 2012

Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier tome des aventures de Kosmo pour savourer toutes  les péripéties de ce roman. Si toutefois vous vous demandez comment Liu et Kosmo se sont rencontrés, vous pouvez lire  Le tour du monde en 80 jours  de Jules Vernes ou  Harry Potter à l’école des sorciers  de J.K. Rowling. Mais vous n’y trouverez rien concernant cette question. 
En revanche, si vous lisez  Un ravioli ne fait pas le printemps  (Ecole des loisirs – 2009) tout deviendra clair.